Jean-Jacques Robin nous présente les Plans de Mobilité Simplifiés

Bonjour Jean-Jacques, pouvez-vous nous expliquer ce qu’est un Plan de Mobilité Simplifié ?

Tout est dans le nom !

• Plan, car il s’agit d’un outil de planification territoriale, permettant de se projeter, d’identifier et de définir sa stratégie Mobilité.
• Mobilité, car il traite des déplacements des personnes sur un territoire donné, et/ou éventuellement des flux de marchandises.
• Simplifié, car à la différence d’un Plan de Mobilité (réalisé par les agglomérations à partir de 100 000 habitants), il s’adresse aux territoires moins denses, ruraux et périurbains et n’est pas prescriptif. C’est une simple feuille de route qui n’impose pas d’enquêtes publiques.

Dans le cadre de la Loi d’Orientation sur les Mobilités (dite « loi LOM »), un territoire peut désormais décider d’acquérir la compétence mobilités, devenant de fait Autorité Organisatrice des Mobilités (AOM). Le PMS s’avère être un outil précieux pour les élus de ces nouvelles AOM, car il leur permet de prendre des décisions éclairées dans ce rôle de « chefs de fil de la mobilité ».

Cependant il n’est pas obligatoire d’être une AOM pour faire un PMS : ce plan simplifié peut être utile à un territoire pour dialoguer sur le sujet des mobilités avec la Région et les territoires voisins.

Vous réalisez actuellement un PMS pour la Communauté de Communes Vallée de l’Homme (CCVH) : pouvez-vous nous décrire votre approche et méthodologie ?

En effet, nous venons de valider la première phase de cette mission : le diagnostic.

Nous avons pu capitaliser sur plusieurs travaux que la Communauté de Communes Vallée de l’Homme avait déjà menés : le Plan Climat Air Energie Territorial (PCAET) notamment, ainsi qu’un pré-diagnostic mobilité réalisé fin 2020 pour éclairer leur souhait de prendre la compétence mobilité.
En effet, la CCVH n’a pas attendu la réalisation du PMS pour engager des actions : des services de mobilité ont été expérimentés en amont de l’étude, avec l’installation de 3 stations de vélos à assistance électrique en libre service et de la location de longue durée.

Nous avons complété ces données via des enquêtes en ligne auprès des habitants et des touristes, tout en menant des entretiens avec les associations locales, les élus des principaux pôles et les institutionnels régionaux et locaux.

L’engagement des élus et des techniciens constitue une force pour avancer sereinement sur le PMS. L’investissement du Président de la CCVH (maire des Eyzies), de l’élu en charge du développement durable et des mobilités ainsi que de la Chargée de mission mobilité et développement durable est à souligner.
Une vingtaine d’acteurs ont participé à la dernière réunion, incluant notamment des représentants de la Région, de l’Etat et des intercommunalités voisines.

L’enquête mobilité a quant à elle mobilisé plus de 300 citoyens.

La phase Diagnostic a permis de mettre le doigt sur ce qui ne fonctionne pas, d’identifier les besoins, pour ainsi co-construire par la suite les solutions adéquates.

Dans le cas de la CCVH, le diagnostic fait ressortir un problème de visibilité et de communication sur les services existants, ainsi que des carences dans l’offre de transports actuelle : dessertes inexistantes ou manque de dessertes horaires dans les transports en commun, axe ferroviaire desservant deux gares mal reliées avec leur centre-bourg, des fiches horaires difficiles à comprendre, des aires de covoiturage insuffisamment aménagées…

Toutes ces données alimenteront les étapes suivantes de notre mission, qui se déroulera jusqu’en début d’année 2022 : les objectifs / la stratégie / les orientations tout d’abord, puis le plan d’action pour aboutir au Plan de Mobilité Simplifié de la CCVH.

Quels conseils donneriez-vous à des territoires souhaitant faire un PMS ?

Suite à l’expérience acquise par Iter dans les Plans de Mobilité Rurale et aujourd’hui les Plans de Mobilité Simplifiés, nous donnerions 3 grands conseils :

1. Il est nécessaire que les instigateurs du plan aient envie de prendre du recul, de prendre un temps pour poser les choses, interroger les acteurs… sans oublier de conserver un regard pragmatique, afin que tout le monde comprenne les enjeux et se les approprie.

2. Il faut bien qualifier sa démarche de concertation : avec l’expérience, nous nous sommes rendus compte que mobiliser d’importants moyens humains et financiers ne permettait pas forcément d’atteindre les objectifs de mobilisation escomptés. Mieux vaut donc cibler les publics et les interlocuteurs selon chaque phase et chaque objectif visé, tout en cadrant précisément l’animation pour capter les particularités locales.

3. Enfin il est essentiel que chacun soit embarqué dans une véritable dynamique projet, avec un rythme à conserver dans le temps pour passer à l’action, incarner ce plan. Une phase d’expérimentation peut s’avérer intéressante avant de transformer l’essai. Elle permet de commencer par de petites victoires facilement identifiables par les habitants, pour ensuite ouvrir à des enjeux plus larges, plus complexes, en mobilisant l’ensemble des acteurs motivés (habitants, associations, etc.).

Nous aurons l’occasion de revenir sur ces enjeux le 6 octobre au nom de l’APCC, lors d’une webconférence où nous témoignerons aux côtés de Monsieur Delmas, l’élu en charge du développement durable et des mobilités à la CCVH.

Nous vous donnons donc rendez-vous dans une dizaine de jours pour suivre cette mission !